Questions & réponses

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Le Gouf est-il un gouffre, une fosse, une faille ?

Ni l’un, ni les autres, il s’agit d’un canyon sous-marin qui court sur 300 km de long. On compte 130 canyons (beaucoup plus petits) dans le seul golfe de Gascogne.

Le Gouf est-il le plus profond du monde ?

L’endroit le plus profond au monde est la fosse des Mariannes, au large du Japon, à plus de 11 000 m de fond. Les canyons ne sont pas les endroits les plus profonds du monde. Un canyon se mesure à la fois en profondeur, en longueur et en largeur.

L’un des plus profonds est celui de Nazaré, au Portugal (près de 5 000 m), qui provoque des vagues géantes (récemment surfées), et le Gouf a une profondeur terminale d’environ 4 000 m. De par sa longueur, largeur et profondeur combinées, le Gouf est cependant l’un des plus remarquables canyons au monde.

A t-il déjà été exploré ?

Non, en dehors des engins militaires, aucune mission humaine ne s’est déroulée dans le canyon de Capbreton. Vu le coût des opérations profondes, il faudrait des intérêts matériels considérables (forages, matières rares) pour financer de telles recherches. Une rumeur a couru, comme quoi Cousteau y aurait fait une plongée (voir la BD de Jean Harambat) pour y chercher des fûts contaminés, mais ce n’est pas le cas, même si le commandant a pu faire allusion à ces problèmes.

Aujourd’hui l’exploration se poursuit grâce aux sondeurs, aux sonars, aux ordinateurs, qui reconstituent et modélisent les fonds marins, parfois en temps réel. On utilise aussi des caméras tractées à plusieurs centaines de mètres de fond, des ROV (robots caméras téléguidés), ainsi que des drones sous-marins.

Est-il exact qu’on peut trouver des organismes venus de Méditerranée dans le Gouf ?

Oui, aussi étonnant que cela puisse paraître. Lorsque l’océan Atlantique pénètre dans le détroit de Gibraltar en surface, il provoque un puissant courant inverse en profondeur qui projette une veine d’eau méditerranéenne à travers l’Atlantique Nord, jusqu’en Irlande ! C’est la VEM (Veine d’Eau Méditerranéenne), dont une ramification vient se perdre dans le Gouf.

Pourquoi Gouf ?

Le nom de « Gouf » vient probablement du patois pour désigner la présence d’un « gouffre » sous-marin. Mais aujourd’hui ce mot, lié à Capbreton, est utilisé scientifiquement par les géologues du monde entier. En effet le mot « gouf » désigne des canyons sous-marins (semblables à celui de Capbreton) dont la tête est proche du bord, parce qu’anciennement reliée au réseau hydrographique.


Quelques exemples de canyons du type « gouf » :

Capbreton (France), commence à 300 m du bord, finit par 4 000 m de fond
Nazaré (Portugal), commence à 300 m du bord, finit par 5 000 m de fond
Cayar (Sénégal), commence à 200 m du bord, finit par 4 500 m de fond
Trou-sans-fond (Côte d’Ivoire), commence à 200 m du bord, finit par 4 300 m de fond
Congo (Zaïre-Angola), commence directement dans l’estuaire (où la profondeur du fleuve atteint les 500 m), et finit par 4 000 m de fond.

 

Grandes dates du Gouf

La présence du Gouf est connue depuis des siècles, mais il faut attendre le 19e puis le 21e siècle pour en découvrir la morphologie, la biodiversité et sa bathymétrie (mesures des profondeurs).

  • 1815, première carte par le commandant Alexis Depoge (qui deviendra maire de Capbreton).

  • 1861, nouvelles mesures effectuées sous les ordres de Napoléon III. Et justement Charles IX

  • 1875, un océanographe se passionne pour le Gouf : le marquis Sébastien de Folin, qui a participé à la grande expédition autour du monde du HMS Challenger. Devenu capitaine du port de Bayonne, de Folin entreprend des recherches dans le Golfe de Gascogne et jusqu’aux Açores. Fasciné par le Gouf de Capbreton, il y découvre une faune abyssale inconnue et un invertébré benthique jamais observé auparavant, qu’on ne trouve que dans le Gouf : le Bathysiphon Cabritonensis. Le marquis de Folin est aussi l’inspirateur du Musée de la Mer de Biarritz.

  • 1933-1948, l’un des pères de l’océanographie française, Édouard Le Danois, en compagnie du commandant Beaugé, écume la zone du Gouf à bord du navire laboratoire le Président Théodore
    Tissier. Ses études porteront sur la morphologie du canyon, mais surtout sur la faune et la biodiversité.

  • 1993-2004 : L’IFREMER (Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer) entreprend huit campagnes à bord du Thalia et du Suroît, deux navires équipés de sonars à balayage latéral. Cette technologie a permis d’aboutir à la publication de cartes morpho-bathymétriques et d’images 3D du Gouf de Capbreton dès 2007.

  • 2013, publication par l’IFREMER de SYNTAX, un rapport sans précédent sur la biodiversité du Gouf, et notamment les espèces « inhabituelles ». Réalisé sur une quinzaine d’années avec la collaboration des marins pêcheurs, le rapport est défini comme « synthèse et d’analyse des données existantes sur un écosystème profond transfrontalier, le Gouf de Capbreton ».

  • 2015, première Journée du Gouf organisée par la ville de Capbreton (initiée par Hugo Verlomme), en présence de nombreux spécialistes, scientifiques et passionnés.

  • 2017, deuxième Journée du Gouf, avec les dernières recherches océanographiques sur la tête du Gouf, ainsi que la présence de scientifiques et de surfeurs pour évoquer le canyon portugais de Nazaré.